AMBASSADE DE POLOGNE à PARIS
10 juin 2017
Le charme discret de l’Ambassade de Pologne
Lovée dans un renfoncement discret de la rue Saint-Dominique, non loin des Invalides, l’Ambassade de Pologne est peu connue. Tant extérieurement que par ses intérieurs, sa partie résidence vaut pourtant largement le détour.
Samedi matin 10 juin 2017, aimablement accueilli par l’attaché culturel par intérim, notre groupe d’une vingtaine de personnes a pu visiter avec lui ce bâtiment élégant et remarquablement entretenu.
Hôtel particulier à l’origine, il doit son nom d’Hôtel de Monaco à Marie-Catherine Brignole qui le fit construire par Alexandre-Théodore Brongniart, l’architecte du Palais de la Bourse à Paris, après son divorce d’avec le prince de Monaco. Terminé en 1777, il passa ensuite entre différentes mains, dont le maréchal d’Empire Davout et le banquier britannique d’origine néerlandaise William Williams-Hope qui y firent réaliser d’importants travaux et décorations.
Le 3 mai 1936, l’ambassade de Pologne y inaugure son nouvel emplacement, à la suite d’un échange avec la France pour libérer du terrain nécessaire à l’Exposition universelle de 1937.
Lieu d’histoire, la petite histoire y rencontre la grande. Ainsi quand la première journée de travail du tout nouvel attaché se déroule dans le bureau du général Sikorski, faute d’équipement encore connecté, et a pour objet un discours sur l’amitié franco-polonaise à travers la figure du général Faury. Bureau historique puisque le général Sikorski y travailla plusieurs semaines à partir du 30 septembre 1939 en tant que Premier Ministre du gouvernement polonais en exil.
Lieu de patrimoine, la diversité des marbres rivalise avec la richesse et l’excellente conservation du mobilier ou l’abondance des plafonds peints et dorures. Le salon bleu notamment dévoile un parquet en marqueterie faite de dix-huit essences de bois différentes.
Lieu vivant, ses salons comme le Salon Rose servent d’espaces de réunion, sa grande salle de lieu de réception, un autre espace de salle à manger, et sa salle de concert munie d’un piano accueille concerts ou conférences sur invitation. C’est là que joua Frédéric Chopin en 1832, lançant ainsi sa carrière de pianiste. Dans le hall, une réplique du tombeau du compositeur au cimetière du Père-Lachaise en rappelle d’ailleurs le souvenir.
Son petit jardin aux couleurs de la Pologne, blanc et rouge, sépare la résidence des espaces administratifs.
Pour ceux qui ont manqué la visite, sachez qu’elle n’ouvre que sur rendez-vous ou lors des Journées européennes du patrimoine. Pour ceux qui veulent un avant-goût ou au contraire un souvenir de leur visite, plusieurs documentaires existent sur YouTube, commentés par l’épouse du précédent ambassadeur de Pologne en France, Madame Aleksandra Orłowska, qui dit de ce lieu que « c’est notre plus belle résidence au monde, l’une des plus belles maisons à Paris » :
https://www.youtube.com/watch?v=YTdEF661cFE
https://www.youtube.com/watch?v=WoSKvcVaatE
https://www.youtube.com/watch?v=vSRWifj553w
Un livre retrace l’histoire de cette demeure : L’Hôtel de Monaco : la résidence de l’ambassadeur de Pologne à Paris (Flammarion, 2012).
On a envie de dire pour conclure que quand deux grandes nations se rencontrent, cela donne l’ambassade de Pologne et c’est beau. Tout simplement. Les Polonais peuvent être fiers de leur joyau parisien. La Polonia aussi.
Patrick Goczkowski
Crédit Photos : Jean OGIELA & Céline ETRILLARD