Musée de la CONTREFAÇON

Samedi 16 MARS 2019

Nous étions 22 personnes, samedi 16 mars 2019, à profiter de la visite guidée du Musée de la Contrefaçon. Cet établissement original, « le seul musée qui expose des faux » comme il se définit lui-même, est situé dans un hôtel particulier du 16e arrondissement à Paris, au 16 rue de la Faisanderie, siège de l’Union des fabricants pour la protection internationale de la propriété intellectuelle.

    

Fondé en 1951 par cette Union des Fabricants, il a été conçu au départ pour la formation des agents avant de devenir un véritable musée pour les 100 ans de l’institution en 1972. Il permet désormais aux visiteurs de s’informer sur l’étendue de la contrefaçon et son retentissement économique et de prendre conscience de l’importance de la protection de la propriété intellectuelle, et notamment industrielle. Pour donner un seul chiffre, la contrefaçon représenterait 5 à 9 % du commerce mondial.

   

Plusieurs constatations peuvent être faites à l’occasion de cette visite. La première est que le phénomène de la contrefaçon ne date pas d’hier. Si le musée abrite en effet un col d’amphore datant de l’époque romaine et présentant l’une des plus anciennes marques, celle du potier Sestius, il montre aussi que des copies de bouchons d’amphore existaient au 1er siècle avant notre ère : ces bouchons en terre cuite, trouvés près d’Arles, imitaient la forme des bouchons romains pour créer une confusion.

La deuxième constatation est que la contrefaçon ne touche pas que le luxe mais tous les objets de la vie courante. Vuitton, Lancel, Hermès ou Christian Dior sont touchés par le phénomène mais Bic ou   Moulinex l’ont été également. Le musée présente ainsi une grande variété de produits contrefaisants avec à côté les objets authentiques pour permettre de les différencier. L’original et une contrefaçon du sac de voyage Keepall 55 de la maison Louis Vuitton, créé en 1930, avec sa toile Monogram emblématique, y côtoient le stylo à bille jetable Bic Cristal, conçu en 1950, et les articles contrefaisants Big Cristal ou Bix Crystal. Parfumerie, maroquinerie, horlogerie, vins et liqueurs, habillement, articles sportifs mais aussi industries pharmaceutique ou automobile, fournitures de bureau, tabacs, jouets, matériel de puériculture, électroménager… tous les secteurs sont concernés.

La troisième constatation est que les produits manufacturés ne sont pas les seuls objets touchés : l’art l’est également. Et le musée montre de nombreux exemples en peinture ou sculpture, la hausse des prix du marché de l’art attisant encore davantage à notre époque les convoitises en la matière. Ainsi peut-on voir la contrefaçon de l’œuvre du sculpteur suisse Diego Giacometti ,« Chat maître d’hôtel », qui présente des rondelles d’étain rajoutées pour pallier la diminution de la sculpture lors de la fonte, ou la reproduction frauduleuse du tableau « Les poissons rouges » du peintre français Henri Matisse, dont l’original est conservé à Moscou, au Musée des Beaux-Arts Pouchkine.

                                

En définitive, ce fut une visite courte mais éclairante sur un phénomène mal connu. Dommage que les locaux soient exigus car ils ne permettent pas de mettre davantage en valeur le contenu des vitrines.

Patrick Goczkowski

Photos de Françoise Goczkowski

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