Samedi 28 MAI 2022 à 14H30
Notre guide-conférencière commence la visite par l’explication de la création du Marais.
Le Marais est une ancienne zone de marécages, maraîchage (cultures agricoles).
Le quartier devient le lieu privilégié de résidence de la noblesse et de la grande bourgeoisie parisienne au xviie siècle avec la construction d’hôtels particuliers. À partir du milieu du xviiie siècle le quartier est progressivement délaissé par l’élite parisienne au profit du Faubourg Saint-Honoré et du faubourg Saint-Germain, plus proches de la cour de Versailles (où le Roi Louis XIV fit construire son château à l’emplacement du relais de chasse de son père) et qui offrent plus d’espace. La Révolution française achève de chasser les propriétaires fortunés. Le quartier est dès lors occupé par une population d’artisans et d’ouvriers qui occupe les anciens hôtels et construit des ateliers dans les anciennes cours intérieures.
Au XIXe siècle, délaissé, le Marais est envahi par les commerces de gros et l’artisanat. Le quartier s’appauvrit et voit sa population changer. Les hôtels particuliers sont vendus, comme par exemple l’hôtel de Chatillon : l’édifice est investi par des activités artisanales, un bronzier, puis un marchand de luminaires y tiennent commerce. Sur le portail, le nom de l’hôtel est inscrit dans un cartouche et de chaque côté on peut y lire H. RENON, fabrique de bronzes, luminaires…
L’Hôtel de SULLY, siège du Centre des Monuments Nationaux, on y entre par une porte qui donne sur une cour intérieure dominée par de merveilleuses statues figurant les 4 saisons, avec de l’autre côté au fond l’orangerie.

La place des VOSGES portait à l’origine le nom de « Place Royale ». En 1800, sous le Consulat, Napoléon Bonaparte la renomme « Place des VOSGES » en l’honneur du département du même nom qui fut le 1er à s’être acquitté des taxes levées par le nouveau gouvernement révolutionnaire français.
La place des Vosges se structure autour de deux pavillons, au nord le Pavillon de la Reine et au sud le Pavillon du Roi. Les façades sont faites de briques rouges

Quelques personnages célèbres, habitant ou ayant habité place des VOSGES :
- BOSSUET (évêque de MEAUX)
- Alphonse DAUDET (écrivain)
- Isadora DUNCAN (danseuse)
- Victor HUGO (poète, dramaturge, écrivain) dont le musée est situé au numéro 6
- Georges SIMENON (écrivain)
- Viktor LAZLO (chanteuse, écrivaine)
C’est sur un des piliers de la Place des VOSGES que l’on peut voir le plus vieux graffiti de PARIS :

Le Musée CARNAVALET (musée de l’Histoire de PARIS) doit son nom à l’épouse de Monsieur KERNEVENOY dit chevalier de CARNAVALET. La Marquise de Sévigné y a logé. Au centre de la cour, on peut y voir la statue du Roi Louis XIV.
Le Square Georges-CAIN (peintre et écrivain, Georges CAIN (1856-1919) fut le premier conservateur du musée CARNAVALET). Ce square est aménagé sur les terrains de l’ancien jardin de l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau. Le square se distingue par la présence d’un arbre remarquable, un figuier, Ficus carica, centenaire.

La Société des CENDRES est créée en 1859 par des sociétés du Marais utilisatrices de métaux précieux. Dotée d’une cheminée de 35 mètres de haut, cette usine permet de rendre à leurs propriétaires la teneur en métaux précieux contenue dans des déchets divers. Le terme « cendre » désigne l’ensemble des résidus et balayures d’atelier, trop pauvres en métal pour être directement fondus, ayant subi une première préparation dont on extrait ensuite les métaux précieux après plusieurs opérations complexes de traitement et d’affinage. Les métaux sont principalement employés dans l’industrie dentaire. On peut voir dans les sous-sols du magasin UNIQLO une exposition des anciens appareils de la société, ainsi que la fameuse cheminée.

Quartier Juif du MARAIS :
Ce quartier a connu un renouveau important à la fin du xixe siècle et dans la première moitié du xxe siècle (jusqu’à la Seconde Guerre mondiale), où il accueillit des dizaines de milliers de juifs d’Europe de l’Est fuyant les persécutions et les pogroms.
- la rue Ferdinand DUVAL, jadis appelée rue des juifs jusqu’en 1900, rebaptisée après l’affaire Dreyfus, du nom d’un Préfet de Paris.
- La rue des Ecouffes (oiseau de proie, rapace) d’où la caricature du juif rapiat aux mains crochues et au nez en forme de bec d’aigle.
Le Marché des Blancs-Manteaux est constitué de 2 pavillons.
Pour des raisons d’hygiène, la boucherie est installée dans une halle séparée, édifiée de l’autre côté de la rue des Hospitalières-Saint-Gervais. Elle est inaugurée le 5 juin 1823. La façade de cette halle de boucherie est décorée de deux fontaines dont l’eau se déversait dans des bassins, par deux têtes de taureaux en bronze de style assyrien antique, dues au sculpteur Edme GAULLE.
L’ancien Marché des Blancs-Manteaux se trouve sur le parvis des 260 enfants qui fut inauguré le 16 novembre 2018 par Anne HIDALGO, entre autres.

Par chance le Marais échappe aux grands travaux menés par le Baron Haussmann.
Le Marais connaît un inexorable déclin et le début du XXe siècle n’échappe pas à cette décadence. En 1925, Le Corbusier dévoile le plan Voisin qui propose de raser une bonne partie du Marais pour y faire construire de grandes tours d’habitation. Le plan n’est pas mis à exécution mais le Marais est tout de même modifié.
Le plan de sauvegarde et de mise en valeur du Marais décidé par André Malraux en 1962 arrive à point nommé. Il ambitionne de préserver le quartier en favorisant les restaurations. Le Ministre de la Culture du Général de Gaulle tente une expérience nouvelle : la réhabilitation du Paris historique. Dès lors, les destructions cessent, le patrimoine architectural est préservé et restauré. Paris prend conscience de la richesse du Marais.
La rue François MIRON : deux édifices à colombage sont souvent identifiés comme les plus anciennes maisons de Paris. Elles datent en réalité du XVIe siècle. La palme revient à la maison de Nicolas Flamel, édifiée en 1407 également située dans le Marais, rue Montmorency.

Nous passons devant l’église Saint-Gervais, dont les origines remontent au VIe siècle mais qui fut bâtie dans un style propre au XVIIe siècle mêlant les ordres doriques, ioniques et corinthiens

Sur la façade d’un immeuble voisin, nous pouvons voir des grilles en fer forgé représentant des ormes. C’était sous l’orme que la justice était rendue.
Nous terminons notre visite par la rue de l’Hôtel-de-Ville, autrefois appelée rue de la « Mortellerie » : dès le xiiie siècle, de nombreux maçons s’installent dans cette rue, principalement des morteliers qui désignent les fabricants d’auges de pierre qu’on appelle « mortiers » et ensuite ceux qui brisent et réduisent des pierres dures en poussière pour en faire du ciment. Cette activité nécessite une forte consommation d’eau et la proximité avec la Seine est ici très pratique pour eux.
Fin de la visite vers 16h40 – 28 mai 2022.
Visite riche d’histoire, guide-conférencière au top de ses connaissances et soleil en notre compagnie.
Carole
Crédit photos : Céline et Carole.
